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HISTOIRE DE FRANCE

y a partage. Ce n’est guère que dans le domaine du roi que les évêques obtiennent ou conservent la seigneurie de leur cité. Ceux de Laon, Beauvais, Noyon, Châlons-sur-Marne, Langres, deviennent pairs du royaume ; il en est de même des métropolitains de Sens et de Reims. Le premier chasse le comte ; le second lui résiste. L’archevêque de Reims, chef de l’Église gallicane, est longtemps l’appui fidèle des Carlovingiens[1]. Lui seul semble s’intéresser encore à la monarchie, à la dynastie.

Cette vieille dynastie, sous la tutelle des évêques, ne peut plus rallier la France. Au milieu des guerres et des ravages des barbares, le titre de roi doit passer à quelqu’un des chefs qui ont commencé à armer le peuple. Il faut que ce chef sorte des provinces centrales. L’idée de l’unité ne peut être reprise et défendue par les hommes de la frontière. Cette unité leur est odieuse ; ils aiment mieux l’indépendance.

Le centre du monde mérovingien avait été l’Église de Tours. Celui des guerres carlovingiennes contre les Northmans et les Bretons est aussi sur la Loire, mais plus à l’occident, c’est-à-dire dans l’Anjou, sur la marche de Bretagne. Là, deux familles s’élèvent, tiges des Capets et des Plantagenets, des rois de France et d’Angleterre. Toutes deux sortent de chefs obscurs qui s’illustrèrent en défendant le pays.

  1. Lorsque Charles-le-Simple appela ses vassaux contre les Hongrois, en 919, aucun ne vint à son ordre, hors l’archevêque de Reims, Hérivée, qui lui amena quinze cents hommes d’armes. (Flodoard.) — Louis-d’Outre-mer confirma, en 953, tous les anciens privilèges de l’Église de Reims ; ils furent confirmés de nouveau par Lothaire en 955, et plus tard par les Othons.