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HISTOIRE DE FRANCE

qui touchent les divines Écritures ! Jamais le langage ne peindra cette persévérance et cette rigueur dans le jeûne et l’abstinence, cette puissance de veille et de prière, ces nuits passées comme les jours, cette constance à ne rien accorder au repos ni aux affaires, à ne laisser dans sa vie aucun instant qui ne fût employé à l’œuvre de Dieu ; à peine même consacrait-il aux repas et au sommeil le temps que la nature exigeait. Ô homme vraiment bienheureux, si simple de cœur, ne jugeant personne, ne condamnant personne, ne rendant à personne le mal pour le mal ! Et, en effet, il s’était armé contre toutes les injures d’une telle patience que, bien qu’il occupât le plus haut rang dans la hiérarchie, il se laissait outrager impunément par les moindres clercs, sans pour cela leur ôter leurs places ou les exclure de sa charité. Personne ne le vit jamais irrité, personne ne le vit troublé, personne ne le vit s’affliger, personne ne le vit rire ; toujours le même, et portant sur son visage une joie céleste, en quelque sorte, il semblait supérieur à la nature humaine. Il n’avait à la bouche que le nom du Christ, il n’avait dans le cœur que la piété, la paix, la miséricorde. Le plus souvent même il avait coutume de pleurer pour les péchés de ceux qui le calomniaient, et qui, dans la solitude de sa retraite, le blessaient de leur venin et de leur langue de vipère.

« Pour moi, j’ai la conscience d’avoir été guidé dans ce récit par ma conviction et par l’amour de Jésus-Christ. Je puis me rendre ce témoignage que j’ai rapporté des faits notoires et que j’ai dit la vérité. »


Ex Sulpicii Severi Historiâ sacrâ, lib. II :


« Un certain Marcus de Memphis apporta d’Égypte en Espagne la pernicieuse hérésie des gnostiques. Il eut pour disciples une femme de haut rang, Agape, et le rhéteur Helpidus. Priscillien reçut leurs leçons… Peu à peu le venin de cette erreur gagna la plus grande partie de l’Espagne. Plusieurs évêques en furent même atteints, entre autres Instantius et Salvianus… L’évêque de Cordoue les dénonça à Idace, évêque de la ville de Merida… Un synode fut assemblé à Saragosse, et on y condamna, quoique absents, les évêques Instantius et Salvianus, avec les laïques Helpidus et Priscillien. Ithacius fut chargé de la promulgation de la sentence… Après de longs et tristes débats, Idace obtint de l’empereur Gratien un rescrit qui bannit de toute terre les hérétiques… Lorsque Maxime eut pris la pour-