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HISTOIRE DE FRANCE

65 — page 136… l’esprit de la race germanique…

Distinguons soigneusement de la Germanie primitive deux formes sous lesquelles elle s’est produite à l’extérieur ; premièrement, les bandes aventureuses des barbares qui descendirent au Midi, et entrèrent dans l’Empire comme conquérants et comme soldats mercenaires ; deuxièmement, les pirates effrénés qui, plus tard, arrêtés à l’ouest par les Francs, sortirent d’abord de l’Elbe, puis de la Baltique, pour piller l’Angleterre et la France. Les uns et les autres commirent d’affreux ravages. Au premier contact des races, lorsqu’il n’y avait encore ni langues, ni habitudes communes, les maux furent grands sans doute, mais les vaincus n’oublièrent aucune exagération pour ajouter eux-mêmes à leur effroi.


66 — page 136… le mysticisme et l’idéalisme, etc…

J’ai parlé dans un autre ouvrage de la profonde impersonnalité du génie germanique et j’y reviendrai ailleurs. Ce caractère est souvent déguisé par la force sanguine, qui est très remarquable dans la jeunesse allemande ; tant que dure cette ivresse de sang, il y a beaucoup d’élan et de fougue. L’impersonnalité est toutefois le caractère fondamental (V. mon Introduction à l’Histoire universelle). C’est ce qui a été admirablement saisi par la sculpture antique, témoin les bustes colossaux des captifs Daces, qui sont dans le Bracchio Nuovo du Vatican et les statues polychromes qu’on voit dans le vestibule de notre Musée. Les Daces du Vatican, dans leurs proportions énormes, avec leur forêt de cheveux incultes, ne donnent point du tout l’idée de la férocité barbare, mais plutôt celle d’une grande force brute, comme du bœuf et de l’éléphant, avec quelque chose de singulièrement indécis et vague. Ils voient sans avoir l’air de regarder, à peu près comme la statue du Nil dans la même salle du Vatican, et la charmante Seine de Vietti, qui est au Musée de Lyon. Cette indécision du regard m’a souvent frappé dans les hommes les plus éminents de l’Allemagne.


67 — page 138Élevée par un guerrier, la vierge, etc…

V. le commencement du Nialsaga. — Salvian. de Provident., liv. VII. « Gotorum gens perfida, sed pudica est. Saxones crudelitate efferi, sed castitate mirandi. »


68 — page 139… la femme cultivait la terre…

Tacit. Germ., c. xv. « Fortissimus quisque… nihil agens, delegatâ domûs et penatium et agrorum curâ feminis senibusque, et infirmissimo cuique ex familiâ. »