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HISTOIRE DE FRANCE

argent était levé avec une violence, une précipitation, une inégalité capricieuses, plus funestes que l’impôt même.

Que le peuple eût ou n’eût pas d’argent, il n’en voulait pas donner. On lui disait que la reine faisait passer en Allemagne tout ce que le duc d’Orléans ne gaspillait pas. On avait, disait-on, arrêté à Metz six charges d’or que la Bavaroise envoyait chez elle[1]. Les esprits les plus sages accueillaient ces bruits ; le grave historien du temps croit que la taxe précédente avait fourni la somme monstrueuse de huit cent mille écus d’or[2], et que le duc et la reine avaient tout mangé. Pour juger ces assertions, pour apprécier l’ignorance et la malveillance avec laquelle on raisonnait des ressources du royaume, il faut voir le beau plan que le parti du duc de Bourgogne proposait pour la réforme des finances. « Il y a, disait-on, dans le royaume dix-sept cent mille villes, bourgs et villages ; ôtons-en sept cent mille qui sont ruinés ; qu’on impose les autres à vingt écus seulement par an, cela fera vingt millions d’écus ; en payant bien les troupes, la maison du roi, les collecteurs et receveurs, en réservant même quelque chose pour réparer les forteresses, il restera trois millions dans les coffres du roi[3]. » Ce calcul de dix-sept cent mille clochers est justement celui sur lequel s’appuie le facétieux recteur de la Satire Ménippée.

Rien ne servit mieux le parti bourguignon que le

  1. App. 74.
  2. App. 75.
  3. Le Religieux.