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LUTTE DES DEUX PARTIS. — CABOCHIENS

enfin tuer celui qu’on désignait depuis longtemps à la haine comme l’auteur des taxes et le complice du schisme.

L’Université avait récemment arraché au roi l’ordre de contraindre par corps le pape qui refusait de céder. Ce pape avait été jugé schismatique, et ses partisans schismatiques. Par deux fois on essaya d’exécuter cette contrainte par l’épée. La mort d’un prince qui soutenait le pape semblait aux universitaires un résultat naturel de cette condamnation du pape ; c’était aussi une contrainte par corps.

Je n’ai pas le courage de reproduire la longue harangue par laquelle Jean Petit entreprit de justifier le meurtre. Il faut dire pourtant que, si ce discours parut odieux à beaucoup de gens, personne ne le trouva ridicule. Il est divisé et subdivisé selon la méthode scolastique, la seule que l’on suivit alors.

Il prit pour texte ces paroles de l’Apôtre : « La convoitise est la racine de tous maux. » Il déduisait de là doctement une majeure en quatre parties, que la mineure devait appliquer. La mineure avait quatre parties de même pour établir que le duc d’Orléans tombant dans les quatre genres de convoitise, concupiscence, etc., s’était rendu coupable de lèse-majesté en quatre degrés. Il établissait, par le témoignage des philosophes, des Pères de l’Église et de la sainte Écriture qu’il était non seulement permis, mais honorable et méritoire de tuer un tyran[1]. À cela il apportait douze

  1. App. 105.