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HISTOIRE DE FRANCE

cet esprit d’application, cette sagesse pratique. La remontrance de l’Université, telle qu’on la lit dans Monstrelet, n’est guère qu’une violente accusation de tel abus, de tel fonctionnaire.

Les parlementaires, auxquels l’ordonnance accorde tant de pouvoir, ne semblent pourtant pas avoir dominé dans la rédaction. On leur reproche l’ignorance de quelques-uns d’entre eux, leur facilité à recevoir des présents ; on leur défend d’être plusieurs membres du Parlement d’une même famille.

Les avocats, notaires, greffiers, sont tancés pour l’esprit fiscal, pour la paperasserie ruineuse qui déjà dévorait les plaideurs.

Les gens des comptes sont traités avec défiance. Ils ne doivent rien décider isolément, mais par délibération commune « et en plein bureau ».

Les prévôts et sénéchaux doivent être nés dans une autre province que dans celle où ils jugent. Ils ne peuvent y rien acquérir, ni s’y marier, ni y marier leurs filles. Quand ils vont quitter la province, ils doivent y rester quarante jours pour répondre de ce qu’ils ont fait.

Les gens d’Église n’inspirent pas plus de confiance au rédacteur de l’ordonnance. Il ne veut pas que des prêtres puissent être avocats. Il accuse les présidents clercs du Parlement de négligence et de connivence. Je ne reconnais pas ici la main ecclésiastique.

Cette ordonnance n’émane pas non plus exclusivement de l’esprit bourgeois et communal. Elle protège les habitants des campagnes. Elle leur accorde le