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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

droit de chasse dans les garennes que les seigneurs ont faites sans droit. Elle leur permet de prendre les armes pour seconder les sénéchaux et courir sus aux pillards[1].

De tout ceci, nous pouvons conclure qu’une réforme aussi impartiale de tous les ordres de l’État ne s’est faite sous l’influence exclusive d’aucun d’eux, mais que tous y ont pris part.

Les violents ont exigé et quelquefois dicté ; les modérés ont écrit ; ils ont transformé les violences passagères en réformes sages et durables. Les docteurs, Pavilly, Gentien, Courtecuisse ; les légistes, Henri de Marle, Arnaud de Corbie, Juvénal des Ursins, tous vraisemblablement auront été consultés. Toutes les ordonnances antérieures sont venues se fondre ici. C’est la sagesse de la France d’alors, son grand monument, qu’on a pu condamner un moment avec la révolution qui l’avait élevé, mais qui n’en est pas moins resté comme un fonds où la législation venait puiser, comme un point de départ pour les améliorations nouvelles.

Quelque sévères que nous puissions être, nous autres modernes, pour ces essais gothiques, convenons pourtant qu’on y voit poindre les vrais principes de l’organisme administratif, principes qui ne sont autres que ceux de tout organisme, centralisation de l’ensemble, subordination mutuelle des parties. La séparation des pouvoirs administratif et judiciaire, des

  1. Ord., p. 137.