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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

phin qui allait au Louvre délivrer les prisonniers (3 août).

La réaction alla si vite qu’en sortant de la prison du Louvre, le duc de Bar en fut nommé capitaine ; et l’autre fort de Paris, la Bastille, fut confié à un autre prisonnier, au duc de Bavière. Deux des échevins furent changés ; le charpentier fut échevin à la place de Jean de Troyes[1].

Peu après, un des De Troyes et deux bouchers, coupables des premiers meurtres, furent condamnés et mis à mort. Plusieurs s’enfuirent, et la populace se mit à piller leurs maisons. On faisait courir le bruit qu’on avait trouvé une liste de quatorze cents personnes, dont les noms étaient marqués d’un T, d’un B ou d’un R (tué, banni ou rançonné).

Le duc de Bourgogne n’essaya pas de résister au mouvement. Il laissa arrêter deux de ses chevaliers dans son hôtel même, et partit sans rien dire aux siens, qu’il laissait en grand danger. Il voulait emmener le roi. Mais Juvénal et une troupe de bourgeois les rejoignirent à Vincennes, et il leur laissa reprendre ce précieux otage[2] (23 août).

Dans l’arrangement avec les princes, il était convenu qu’ils n’entreraient pas dans Paris. Mais toute

  1. App. 147.
  2. Juvénal donne encore ici le beau rôle à son père. « Le duc de Bourgogne dit au roy que s’il luy plaisoit aller esbattre jusques vers le bois de Vincennes qu’il y faisoit beau, et en fut le roy content. Mais Juvénal alla aussitôt avec deux cents chevaux vers le bois, et dit au roy : « Sire, venez-vous-en en vostre bonne ville de Paris, le temps est bien chaud pour vous tenir sur les champs. » Dont le roy fut très content, et se mit à retourner. »