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HISTOIRE DE FRANCE

condition fut oubliée, à commencer par celle-ci. Le dauphin et le duc d’Orléans parurent ensemble, vêtus des mêmes couleurs, portant une huque italienne en drap violet avec une croix d’argent. C’était, et ce n’était pas deuil ; le chaperon était rouge et noir ; pour devise : « Le droit chemin. » Ce qui était plus hostile encore pour les Bourguignons, c’était la blanche écharpe d’Armagnac. Tout le monde la prit ; on la mit même aux images des saints. Lorsque les petits enfants, moins oublieux, moins enfants que ce peuple, chantaient les chansons bourguignonnes, ils étaient sûrs d’être battus[1].

L’ordonnance de réforme, si solennellement proclamée, fut non moins solennellement annulée par le roi dans un lit de justice (5 septembre). Le sage historien du temps, affligé de cette versatilité, osa demander à quelques-uns du conseil comment, après avoir vanté ces ordonnances comme éminemment salutaires, ils consentaient à leur abrogation. Ils répondirent naïvement : « Nous voulons ce que veulent les princes. » « À qui donc vous comparerai-je, dit le moine, sinon à ces coqs de clocher qui tournent à tous les vents[2] ? »

On renvoya à Jean-sans-Peur sa fille, que devait épouser le fils du duc d’Anjou. L’Université condamna les discours de Jean Petit. Une ordonnance déclara le

  1. « Mesmes les petits enfants qui chantoient une chanson… où on disoit : « Duc de Bourgogne, Dieu te remaint en joie !… ». (Journal du Bourgeois.)
  2. « Gallis campanilium ecclesiarum, a cunctis ventis volvendis. » (Religieux.)