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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

duc de Bourgogne rebelle (10 février) ; on convoqua contre lui le ban et l’arrière-ban. Il ne s’agissait de rien moins que de confisquer ses États.

Il crut pouvoir prévenir ses ennemis. Les cabochiens exilés lui persuadaient qu’il lui suffirait de paraître devant Paris avec ses troupes pour y être reçu. Le dauphin, déjà las des remontrances de sa mère et de celles des princes, appelait en effet le Bourguignon. Il vint camper entre Montmartre et Chaillot ; le comte d’Armagnac, qui avait onze mille chevaux dans Paris, tint ferme, et rien ne bougea.

Le duc de Bourgogne se retirant, les princes entreprirent de le poursuivre, d’exécuter la confiscation. Mais les effroyables barbaries des Armagnacs à Soissons avertirent trop bien Arras de ce qu’elle avait à craindre. Ils échouèrent devant cette ville, comme le duc de Bourgogne avait échoué devant Paris[1].

Voilà les deux partis convaincus de nouveau d’impuissance. Ils font encore un traité. Le duc de Bourgogne est quitte pour un peu de honte, mais il ne perd rien ; il offre au roi, pour la forme, les clefs d’Arras[2]. Il est défendu de porter désormais la bande d’Armagnac et la croix de Bourgogne (4 septembre 1414).

  1. Ce qui força le duc de Bourgogne à traiter, c’est que les Flamands l’abandonnaient. Les députés de Gand dirent au roi qu’ils se chargeaient de ranger le duc à son devoir.
  2. Le roi désirait fort traiter. Juvénal donne là-dessus une jolie scène d’intérieur. App. 148.