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HISTOIRE DE FRANCE

La réaction ne fut point arrêtée par cette paix. Les modérés, qui avaient si imprudemment abandonné la réforme, eurent sujet de s’en repentir. Les princes traitèrent Paris en ville conquise. Les tailles devinrent énormes, et l’argent était gaspillé, donné, jeté. Juvénal, alors chancelier, ayant refusé de signer je ne sais quelle folie de prince, on lui retira les sceaux. Toute modération déplut. La violence gagna les meilleures têtes. Au service funèbre qui fut célébré pour le duc d’Orléans, Gerson prêcha devant les rois et les princes ; il attaqua le duc de Bourgogne, avec qui l’on venait de faire la paix, et déclama contre le gouvernement populaire (5 janvier 1415).

« Tout le mal est venu, dit Gerson, de ce que le roi et la bonne bourgeoisie ont été en servitude par l’outrageuse entreprise de gens de petit état… Dieu l’a permis afin que nous connussions la différence qui est entre la domination royale et celle d’aucuns populaires ; car la royale a communément et doit avoir douceur ; celle du vilain est domination tyrannique, et qui se détruit elle-même. Aussi Aristote enseignoit-il à Alexandre : « N’élève pas ceux que la nature fait pour obéir. » — Le prédicateur croit reconnaître les divers ordres de l’État dans les métaux divers dont se composait la statue de Nabuchodonosor : « L’état de bourgeoisie, des marchands et laboureurs est figuré par les jambes qui sont de fer et partie de terre, pour leur labeur et humilité à servir et obéir… ;