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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

en leur état doit être le fer de labeur et la terre d’humilité[1]. »

Le même homme qui condamnait le gouvernement populaire dans l’État, le demandait dans l’Église. Donnons-nous ce curieux spectacle. Il peut sembler humiliant pour l’esprit humain ; il ne l’est pas pour Gerson même. Dans chaque siècle, c’est le plus grand homme qui a mission d’exprimer les contradictions, apparentes ou réelles, de notre nature ; pendant ce temps-là, les médiocres, les esprits bornés qui ne voient qu’un côté des choses, s’y établissent fièrement, s’enferment dans un coin, et là triomphent de dire…

Dès qu’il s’agit de l’Église, Gerson est républicain, partisan du gouvernement de tous. Il définit le concile : « Une réunion de toute l’Église catholique, comprenant tout ordre hiérarchique, sans exclure aucun fidèle qui voudra se faire entendre. » Il ajoute, il est vrai, que cette assemblée doit être convoquée « par une autorité légitime » ; mais cette autorité n’est pas supérieure à celle du concile, puisque le concile a droit de la déposer. Gerson ne s’en tint pas à la théorie du républicanisme ecclésiastique ; il fit donner suffrage aux simples prêtres dans le concile de Constance, et contribua puissamment à déposer Jean XXII[2].

Reprenons d’un peu plus haut. Avant que les griefs de l’État fussent signalés par la remontrance de l’Université et la grande ordonnance de 1413, ceux

  1. Jean Gerson.
  2. App. 149.