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HISTOIRE DE FRANCE

de l’Église l’avaient été par un violent pamphlet universitaire, qui eut un bien autre retentissement. La remontrance, l’ordonnance, ces actes mort-nés, furent à peine connus hors de Paris. Mais le terrible petit livre de Clémengis : Sur la corruption de l’Église, éclata dans toute la chrétienté. Peut-être n’est-ce pas exagérer que d’en comparer l’effet à celui de la Captivité de Babylone, écrite un siècle après par Luther.

De tout temps, on avait fait des satires contre les gens d’Église. L’une des premières, et certainement l’une des plus piquantes, se trouve dans un des Capitulaires de Charlemagne. Ces attaques, généralement, avaient été indirectes, timides, le plus souvent sous forme allégorique. L’organe de la satire, c’était le renard, la bête plus sage que l’homme ; c’était le bouffon, le fol plus sage que les sages ; ou bien enfin le diable, c’est-à-dire la malignité clairvoyante. Ces trois formes où la satire, pour se faire pardonner, s’exprime par les organes les plus récusables, comprennent toutes les attaques indirectes du moyen âge. Quant aux attaques directes, elles n’avaient guère été hasardées jusqu’au treizième siècle que par les hérétiques déclarés, Albigeois, Vaudois, etc. Au quatorzième siècle, les laïques, Dante, Pétrarque, Chaucer, lancèrent contre Rome, contre Avignon, des traits pénétrants. Mais enfin, c’étaient des laïques ; l’Église leur contestait le droit de la juger. Ici, vers 1400, ce sont les universités, ce sont les plus grands docteurs, c’est l’Église dans ce qu’elle a de