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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

plus autorisé, qui censure, qui frappe l’Église. Ce sont les papes eux-mêmes qui se jettent au visage les plus tristes accusations.

Ce dialogue, qui se prolongea entre Avignon et Rome pendant tout le temps du schisme, n’en apprit que trop sur toutes les deux. La fiscalité surtout des deux sièges, qui vendaient les bénéfices longtemps avant qu’ils ne vaquassent, cette vénalité famélique est caractérisée par des mots terribles : « N’a-t-on pas vu, disent les uns, les courtiers du pape de Rome courir toute l’Italie, pour s’informer s’il n’y avait pas quelque bénéficier malade, puis bien vite dire à Rome qu’il était mort[1] ? N’a-t-on pas vu ce pape, ce marchand de mauvaise foi, vendre à plusieurs le même bénéfice, et la marchandise déjà livrée, la proclamer encore et la revendre au second, au troisième, au quatrième acheteur ? » — « Et vous, répondaient les autres, vous qui réclamez pour le pape la succession des prêtres, ne venez-vous pas au chevet de l’agonisant rafler toute sa dépouille ? Un prêtre déjà inhumé a été tiré du sépulcre, et le cadavre déterré pour le mettre à nu[2]. »

Ces furieuses invectives furent ramassées, comme en une masse, dans le pamphlet de Clémengis, et cette masse lancée, de façon à écraser l’Église. Le pamphlet n’était pas seulement dirigé contre la tête,

  1. « Et si aliquos invenerunt ægrotantes, tunc currebant ad curiam Romanam, et mortem talium intimabant ». (Theodor. à Niem, de Schism.)
  2. « Ut inhumatus evulso monumento atque corrupto corpore suis spoliis effossus privaretur ». (Appellatio Univers. Paris. a D. Benedicto.)