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HISTOIRE DE FRANCE

tous les membres étaient frappés. Pape, cardinaux, évêques, chanoines, moines, tous avaient leur part, jusqu’au dernier Mendiant. Certainement Clémengis fit bien plus qu’il ne voulait. Si l’Église était vraiment telle, il n’y avait pas à la réformer ; il fallait prendre ce corps pourri et le jeter tout entier au feu.

D’abord l’effroyable cumul, jusqu’à réunir en une main quatre cents, cinq cents bénéfices ; l’insouciance des pasteurs qui souvent n’ont jamais vu leur église ; l’ignorance insolente des gros bonnets, qui rougissent de prêcher ; l’arbitraire tyrannique de leur juridiction, au point que tout le monde fait maintenant le jugement de l’Église ; la confession vénale, l’absolution mercenaire : « Que si, dit-il, on leur rappelle le précepte de l’Évangile : Donnez gratuitement, ainsi que vous avez reçu, ils répondent sans sourciller : « Nous n’avons pas reçu gratis ; nous avons acheté, nous pouvons revendre[1]. »

Dans l’ardeur de l’invective, ce violent prêtre aborde hardiment mille choses que les laïques auraient craint d’expliquer : l’étrange vie des chanoines, leurs quasi-mariages, leurs orgies parmi les cartes et les pots, la prostitution des religieuses, la corruption hypocrite des Mendiants qui se vantent de faire la besogne de tous les autres, de porter seuls le poids de l’Église, tandis qu’ils vont de maison en maison boire avec les femmes : « Les femmes sont celles des autres, mais les enfants sont bien d’eux[2]. »

  1. Clémengis.
  2. « Cum non suis uxoribus, licet sæpe cum suis parvulis. » (Clémengis.)