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L’ANGLETERRE. — AZINCOURT

tive ne fut pas plus heureuse ; des seigneurs avaient réuni jusqu’à six mille hommes pour surprendre le camp anglais ; leur impétuosité fit tout manquer, ils se découvrirent avant le moment favorable.

Cependant ceux qui défendaient Harfleur n’en pouvaient plus de fatigue. Les Anglais ayant ouvert une large brèche, les assiégés avaient élevé des palissades derrière. On leur brûla cet immense ouvrage, qui fut trois jours à se consumer. L’Anglais employait un moyen infaillible de les mettre à bout : c’était de tirer jour et nuit ; ils ne dormaient plus.

Ne voyant venir aucun secours, ils finirent par demander deux jours pour savoir si l’on viendrait à leur aide. « Ce n’est pas assez de deux jours, dit l’Anglais ; vous en aurez quatre. » Il prit des otages, pour être sûr qu’ils tiendraient leur parole. Il fit bien, car le secours n’étant pas venu au jour dit, la garnison eût voulu se battre encore. Quelques-uns même, plutôt que de se rendre, se réfugièrent dans les tours de la côte, et là ils tinrent dix jours de plus.

Le siège avait duré un mois. Mais ce mois avait été plus meurtrier que toute l’année qu’Édouard III resta campé devant Calais. Les gens d’Harfleur avaient, comme ceux de Calais, tout à craindre des vainqueurs. Un prêtre anglais qui suivait l’expédition nous apprend, avec une satisfaction visible, par quels délais on prolongea l’inquiétude et l’humiliation de ces braves gens : « On les amena dans une tente, et ils se mirent à genoux, mais ils ne virent pas le roi ; puis dans une tente où ils s’agenouillèrent longtemps, mais ils ne