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L’ANGLETERRE. — AZINCOURT

Français avaient une belle occasion de les attaquer dans ce long passage.

Ce fut seulement le lendemain, dimanche 20 octobre, que le roi d’Angleterre reçut enfin le défi du duc d’Orléans, du duc de Bourbon et du connétable d’Albret. Ces princes n’avaient pas perdu de temps, mais ils avaient trouvé tous les obstacles que pouvait rencontrer un parti qui se portait seul pour défenseur du royaume. En un mois, ils avaient entraîné jusqu’à Abbeville toute la noblesse du Midi, du Centre. Ils avaient forcé l’indécision du conseil royal et les peurs du duc de Berri. Ce vieux duc voulait d’abord que les partis d’Orléans et de Bourgogne envoyassent chacun cinq cents lances seulement[1] ; mais ceux d’Orléans vinrent tous. Ensuite se souvenant de Poitiers, où il s’était sauvé jadis, il voulait qu’on évitât la bataille, que du moins le roi et le dauphin se gardassent bien d’y aller. Il obtint ce dernier point ; mais la bataille fut décidée. Sur trente-cinq conseillers, il s’en trouva cinq contre, trente pour. C’était au fond le sentiment national ; il fallait, dût-on être battu, faire preuve de cœur, ne pas laisser l’Anglais s’en aller rire à nos dépens après cette longue promenade. Nombre de gentilshommes des Pays-Bas voulurent nous servir de seconds dans ce grand duel. Ceux du Hainaut, du Brabant, de Zélande, de Hollande même si éloignés, et que la chose ne touchait en rien, vinrent combattre dans nos rangs, malgré le duc de Bourgogne.

  1. App. 171.