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L’ANGLETERRE. — AZINCOURT

qu’ils allaient attaquer. Les gens d’armes descendirent de cheval, et tous, se mettant à genoux, levant les mains au ciel, prièrent Dieu de les prendre en sa garde. Cependant il n’y eut rien encore ; le connétable n’était pas arrivé à l’armée française. Les Anglais allèrent loger à Maisoncelle, se rapprochant d’Azincourt. Henri V se débarrassa de ses prisonniers. « Si vos maîtres survivent, dit-il, vous vous représenterez à Calais. »

Enfin ils découvrirent l’immense armée française, ses feux, ses bannières. Il y avait, au jugement du témoin oculaire, quatorze mille hommes d’armes, en tout peut-être cinquante mille hommes ; trois fois plus que n’en comptaient les Anglais[1]. Ceux-ci avaient onze ou douze mille hommes, de quinze mille qu’ils avaient emmenés d’Harfleur ; dix mille au moins, sur ce nombre, étaient des archers.

Le premier qui vint avertir le roi, le Gallois[2] David Gam, comme on lui demandait ce que les Français pouvaient avoir d’hommes, répondit avec le ton léger et vantard des Gallois : « Assez pour être tués, assez pour être pris, assez pour fuir[3]. » Un Anglais, sir Walter Hungerford, ne put s’empêcher d’observer qu’il n’eût pas été inutile de faire venir dix mille bons archers de plus ; il y en avait tant en Angleterre qui n’auraient pas mieux demandé. Mais le roi dit sévèrement : « Par le nom de Notre-Seigneur, je ne

  1. App. 172.
  2. Henri avait des Gallois et des Portugais. On a vu déjà qu’il avait des gens du Hainaut.
  3. Powel. Turner.