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HISTOIRE DE FRANCE

disait-il, couper court aux disputes qui compromettent la vérité ; il faut, par une cruauté miséricordieuse, employer le fer et le feu[1]. » Les gallicans auraient bien voulu que l’archevêque pût épargner au concile cette terrible besogne. Mais qui aurait osé en Bohême mettre la main sur l’homme des chevaliers bohémiens ?

Jean Huss était brave comme Zwingli ; il voulut voir en face ses ennemis ; il vint au concile. Il croyait d’ailleurs à la parole de Sigismond, dont il avait un sauf-conduit. Là, excepté le pape, il trouva tout le monde contre lui. Les Pères, qui par leur violence contre la papauté se sentaient devenus fort suspects aux peuples, avaient besoin d’un acte vigoureux contre l’hérésie, pour prouver leur foi. Les Allemands trouvaient fort bon qu’on brûlât un Bohémien ; les Nominaux se résignaient aisément à la mort d’un Réaliste[2]. Le roi des Romains, qui lui avait promis sûreté[3], saisit cette occasion de perdre un homme dont la popularité pouvait fortifier Wenceslas en Bohême.

Ceux même qui ne trouvaient pas le Bohémien hérétique, le condamnèrent comme rebelle ; qu’il eût erré ou non, il devait, disaient-ils, se rétracter sur l’ordre du concile[4]. Cette assemblée, qui venait de nier trois

  1. App. 214.
  2. Pierre d’Ailly avait contribué puissamment à la chute de Jean XXIII. Il se montra, en compensation, d’autant plus zélé contre l’hérétique ; il l’embarrassa par d’étranges subtilités, voulant l’amener à avouer que celui qui ne croit pas aux universaux, ne croit pas à la Transsubstantiation.
  3. Le sauf-conduit était daté du 18 oct. 1414.
  4. Jean Huss nous fait connaître lui-même les efforts que l’on fit auprès