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HISTOIRE DE FRANCE

Luxembourg, puis chercha à conclure une étroite alliance avec Liège[1]. On se rappelle que c’est justement par la même acquisition et la même alliance que la maison d’Orléans se fit une ennemie irréconciliable de celle de Bourgogne.

Agir ainsi contre un allié qui avait été si utile, se préparer une guerre au Nord quand on ne pouvait venir à bout de celle du Midi, c’était une étrange imprudence. Quelles étaient donc les ressources du roi d’Angleterre ?

D’après son budget, tel qu’il fut dressé en 1421 par l’archevêque de Cantorbéry, le cardinal Winchester et deux autres évêques, son revenu n’était que de cinquante-trois mille livres sterling, ses dépenses courantes de cinquante mille (vingt et un mille seulement pour Calais et la marche voisine[2]). Il y avait un excédent apparent de trois mille livres. Mais, sur cette petite somme, il fallait qu’il pourvût aux dépenses de l’artillerie, des fortifications et constructions, des ambassades, de la garde des prisonniers, à celles de sa maison, etc., etc. Dans ce compte, il n’y avait rien[3] pour servir les intérêts des vieilles dettes d’Harfleur, de Calais, etc., qui allaient s’accroissant.

La situation d’Henri V devenait ainsi fort triste. Ce conquérant, ce dominateur de l’Europe, allait se trouver peu à peu sous la domination la plus humiliante, celle de ses créanciers. D’une part, il traînait après lui ce pesant conseil de lords évêques, qui ne

  1. Rymer, 17 jul. 1421 ; 6 aug. 1422.
  2. App. 223.
  3. « Et nondum provisum est, etc. » (Rymer.)