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HISTOIRE DE FRANCE

quelque doute sur la légitimité de sa conquête de France, quelque besoin de se rassurer. On en jugerait volontiers ainsi, d’après les paroles qu’il ajouta comme pour répondre à une objection intérieure : « Ce n’est pas l’ambition ni la vaine gloire du monde qui m’ont fait combattre. Ma guerre a été approuvée des saints prêtres et des prud’hommes ; en la faisant, je n’ai point mis mon âme en péril. » Peu après il expira (31 août 1422).

L’Angleterre, dont il avait exprimé l’opinion en mourant, lui rendit même témoignage. Son corps fut porté à Westminster, parmi un deuil incroyable, non comme celui d’un roi, d’un triomphateur, mais comme les reliques d’un saint[1].

Il était mort le 31 août ; Charles VI le suivit le 21 octobre[2]. Le peuple de Paris pleura son pauvre roi fol, autant que les Anglais leur victorieux Henri V. « Tout le peuple qui étoit dans les rues et aux fenêtres pleuroit et crioit, comme si chacun eût vu mourir ce qu’il aimoit le plus. Vraiment leurs lamentations étoient comme celles du prophète : Quomodo sedet sola civitas plena populo ? »

Le menu commun de Paris criait : « Ah ! très cher prince, jamais nous n’en aurons un si bon ! Jamais nous ne te verrons. Maudite soit la mort ! Nous n’aurons jamais plus que guerre, puisque tu nous a laissés.

  1. « Comme s’ils fussent acertenez qu’il fust ou soit saint en paradis. » (Monstrelet.)
  2. « Après le quatrième ou cinquième accès de fièvre quarte. » (Archives, Registres du Parlement.)