Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/506

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violents… C’était un terrain fatal d’honneur et de foi révolutionnaire où chacun eût rougi de reculer d’un pas.

L’embarras de Danton devait être grand. Ne pouvant agir sur les violents, devait-il s’adresser aux modérés, donner la main à la Gironde, regagner par elle le côté droit, et par lui entraîner le centre, donner le surprenant spectacle d’un Danton modéré, affronter le nom de traître qui, d’un coup, lui ôterait tous ses amis de la Montagne, le livrant seul au côté droit, à la pitié de ses nouveaux amis ?… Cela ne se pouvait.

Il se fût perdu, sans nul doute, et peut-être eût perdu la France. L’éclat d’une telle défection eût affaibli la Montagne et la Convention tout entière, et le profit en eût été, non pas même à la Gironde, mais bientôt aux royalistes. Non aux royalistes seuls, mais à l’étranger, à l’ennemi.

Il fallait que la Gironde ne l’obligeât pas d’être Girondin, qu’elle le laissât ce qu’il était, qu’il restât Danton, que le combat continuât sur les sujets secondaires, que seulement, sur un point ou deux d’actualité, de salut, où la vie, la mort de la République, étaient engagées, il y eût entente et bon accord.

Danton fit un suprême effort pour l’unité de la patrie. Il demanda (vers le 30 novembre ou bien peu après) une dernière entrevue avec les chefs de la Gironde. Il était vraiment nécessaire, pour lui, de la tenir secrète. Si elle devenait publique, dans un tel moment, il était perdu. L’entrevue eut lieu (le soir