Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chiffres et comptant cent hommes pour chacune des quarante-huit sections, que toute la population active politiquement (dans cette ville de sept cent mille âmes) ne faisait pas cinq mille hommes.

Dans les questions de subsistances ou autres d’intérêt populaire, on pouvait faire descendre beaucoup de monde des faubourgs. Mais les votants, nous le répétons, n’étaient pas plus de cinq mille. En novembre 1792, Lhuillier, candidat jacobin à la mairie, que tous les républicains soutinrent contre un royaliste, n’avait eu que quatre mille neuf cents voix. En juin 1793, les Jacobins vainqueurs, maîtres de Paris, dans une élection semblable, par ruse, par force ou par terreur, ne purent faire donner à leur commandant Henriot que quatre mille six cents, voix. On cassa deux fois l’élection. On força de voter à haute voix, pour faire bien voter les faibles. Cela ne suffisant pas, après avoir affiché l’audace d’une publicité courageuse, on se réfugia dans le secret ; on dispensa les votants de montrer leurs cartes, ce qui permit aux mêmes hommes de voter successivement dans plusieurs sections.

Paris, en réalité, avait donné sa démission des affaires publiques. Et c’est ce qui encourageait singulièrement l’audace des violents. Rien n’était plus aisé que de surprendre, dans ces assemblées désertes, des décisions contraires aux vœux de la population. C’est ainsi qu’au 10 février 1793 on fit signer la nuit dans trente sections la pétition atroce qui fit horreur à Marat.