Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/120

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pu, les adversaires de la pensée jouent aujourd’hui le rôle de martyrs ; ils prient publiquement dans les églises pour les jésuites persécutés ; c’est là un masque qu’il nous est impossible de leur laisser. Que ne se contentaient-ils de calomnier ! Jamais, pour ma part, je n’eusse songé à troubler leur paix ; mais cela ne leur a pas suffi ; ils voulaient le combat ; aujourd’hui qu’ils l’ont obtenu, ils se plaignent d’avoir été lésés. Pendant quelques jours, il nous a été donné de voir, au pied de nos chaires, nos modernes ligueurs criant, sifflant, vociférant ; le pis est que tout cela se passait au nom de la liberté ; pour le plus grand avantage de l’indépendance des opinions, on commençait par étouffer l’examen des opinions.

On faisait, peu à peu, de l’enseignement et de la science une place bloquée ; nous avons attendu que l’outrage vînt nous y assaillir pour qu’il fût bien démontré qu’il était nécessaire de reporter l’attaque chez les assaillants. Le jour où nous avons commencé la lutte, nous nous sommes décidés à l’accepter sous toutes les formes où elle pourrait se montrer.

Une chose m’a rendu cette tâche facile ; c’est le sentiment qu’une telle situation n’avait rien de personnel. Depuis longtemps on voyait, en effet, un fanatisme artificiel exploiter des croyances sincères ;