Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/122

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quand on devrait ne songer qu’à se défendre, une ardeur maladive de provocation, une fièvre de calomnie que l’on sanctifie par la croix ; voilà quelle était la situation générale.

Le terrain était, d’ailleurs, bien préparé ; on travaillait depuis plusieurs années la société en haut, en bas, dans les ateliers, dans les écoles, par le cœur et par la tête. L’opinion semblait s’affaisser en toute occasion. Accoutumée à reculer, pourquoi ne ferait-elle pas encore un dernier pas en arrière ? Dès le premier mot, le Jésuitisme s’était trouvé naturellement d’accord avec le Carlisme dans un même esprit de ruse et de décrépitude fardée ; ce que Saint-Simon appelle cette écume de noblesse n’avait pu manquer de se mêler à ce levain. Quant à une partie de la Bourgeoisie, appliquée à contrefaire un faux reste d’aristocratie, elle était tout près de considérer comme une marque de bon goût, l’imitation de la caducité religieuse, littéraire et sociale.

Ainsi ménagé, le moment semblait bon pour surprendre ceux que l’on croyait endormis. On avait très-bien senti qu’après tant de déclamations, ce serait un coup important d’écraser la parole et l’enseignement au Collége de France. Ce que l’on aurait obtenu par un coup de main, on l’eût aussitôt présenté comme le résultat de l’opinion soulevée ; il valait la peine de sortir