Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/15

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« Mais n’est-ce pas manquer à la France que de craindre pour elle un tel danger ? Pour un millier de jésuites que nous avons aujourd’hui[1]… »

Ces mille hommes ont fait en douze ans une chose prodigieuse… Abattus en 1830, écrasés et aplatis, ils se sont relevés, sans qu’on s’en doutât. Et non seulement relevés ; mais pendant qu’on demandait s’il y avait des jésuites, ils ont enlevé sans difficulté nos trente ou quarante mille prêtres, leur ont fait perdre terre, et les mènent Dieu sait où !

« Est-ce qu’il y a des jésuites ? » Tel fait cette question, dont ils gouvernent déjà la femme par un confesseur à eux, la femme, la maison, la table, le foyer, le lit… Demain, ils auront son enfant[2].


Où donc est le clergé de France ?

Où sont tous ces partis qui en faisaient la vie sous la Restauration ? éteints, morts, anéantis.

  1. Selon une personne qui croit être bien informée, il y en aurait aujourd’hui en France plus de 960 ; au moment de la révolution de juillet, il y en avait 423. À cette époque ils étaient concentrés dans quelques maisons ; aujourd’hui, ils sont disséminés dans tous les diocèses. — Ils se répandent partout en ce moment. Il vient d’en passer trois à Alger, plusieurs en Russie. Ils se font demander au pape par le Mexique et la Nouvelle-Grenade. Maîtres du Valais, ils viennent de s’emparer de Lucerne et des Petits cantons, etc., etc.
  2. Qu’on sache bien une fois, malgré les éternelles répétitions des