Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/20

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la grâce, ici le Sacré Cœur de Jésus et de Marie… La bonne Vierge est si bonne[1] !

Il y a d’ailleurs une grande différence entre les deux hommes. Le prêtre est lié de bien des manières, par son église, par l’autorité locale ; il est en puissance et comme mineur. Le prêtre a peur du curé, et le curé de l’évêque. Le jésuite n’a peur de rien. Son ordre ne lui demande que l’avancement de l’ordre. L’évêque n’a rien à lui dire. Et quel serait aujourd’hui l’évêque assez audacieux pour douter que le jésuite ne soit lui-même la règle et la loi ?

L’évêque ne nuit pas, et il sert beaucoup. C’est par lui qu’on tient les prêtres ; il a le bâton sur eux, lequel manié par un jeune vicaire général qui veut devenir évêque, sera la verge de fer.

« Donc, prêtre, prends bien garde. Malheur à toi, si tu bouges. Prêche peu, n’écris jamais ; si tu écrivais une ligne !… Sans autre forme, on peut te suspendre, t’interdire ; nulle explication ; si tu avais l’imprudence d’en demander, nous dirions : « Affaire de

  1. Le jésuite n’est pas seulement confesseur, il est directeur, et comme tel, consulté sur tout ; comme tel, il ne se croit nullement engagé au secret, en sorte que vingt directeurs qui vivent ensemble peuvent mettre en commun, examiner et combiner les milliers d’âmes qui leur sont ouvertes, et qu’ils voient de part en part… Mariages, testaments, tous les actes de leurs pénitents et pénitentes, peuvent être discutés, préparés dans ces conciliabules !