Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/46

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drissants des lettres originales ! Colardeau, si heureusement né pour la poésie, a su répandre un charme inexprimable dans plusieurs parties de son imitation. Pourquoi faut-il que le froid philosophisme l’ait forcé de sacrifier à son idole quelques-unes des images religieuses si analogues à la mélancolie du cloître ! Apparemment le philosophisme porte malheur; car les vers qui remplacent les morceaux supprimés ne sont plus d’un poète, plus même d’un versificateur: pesamment sentencieux, péniblement abstraits, ils se traînent sans vigueur et sans grâce; mais ils plaisaient fort aux encyclopédistes.

Dans cette Épître à jamais célèbre , le poète anglais a donc réuni le double avantage d’être souvent supérieur en imitant , et de conserver plus souvent encore la même supériorité sur son imitateur. On lui doit également une Élégie intéressante sur la mort d’une jeune lady.

Les Anglais possèdent un assez grand nombre d’Élégies morales, parmi lesquelles on distingue celle de Gray, intitulée le Cimetière de Campagne. Son mérite ne consiste pas moins dans la composition que dans les détails; éloge rarement applicable aux productions de la poésie anglaise.

Les autres nations ont faiblement contribué aux progrès de l’Élégie. Les Allemands, par leurs mœurs, leurs habitudes, sembleraient destinés à y réussir; mais leur manière trop détaillée, trop minutieuse, s’y retrouve, comme dans leurs romans. Cette foule de détails purement domestiques n’a guère de prix que pour eux, et touche médiocrement le lecteur désintéressé. La plupart des Élégies italiennes sont la paraphrase plus ou moins brillante des sonnets souvent trop spirituels de Pétrarque. Quant à l’Espagnol, il se plaît trop à faire parade de sa douleur, pour la restreindre à des plaintes touchantes et mesurées. Si deux modernes dont les noms ne se séparent