Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/58

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Si l’action se passe loin de nous, elle en est plus neuve, les détails en sont plus variés; ils conservent quelque chose de primitif qui rafraîchit l’imagination et renouvelle la poésie. Les littérateurs qui ont examiné ces divers morceaux ont bien voulu leur accorder le mérite de la couleur locale, et celui d’un intérêt doux; ils n’ont contesté que sur le titre, auquel, j’en conviens, je n’attache qu’une assez médiocre importance. J’oserai seulement faire observer que la nouveauté ne peut déplaire quand elle ne présente rien de bizarre; qu’ici elle consiste uniquement dans le cadre, et qu’enfin il est inutile de chercher une dénomination nouvelle, puisqu’une Élégie d’un nouveau genre demeure toujours une élégie.

Quoi qu’il en soit, je cède sans effort et par conséquent sans mérite, à l’opinion du petit nombre. Je renvoie à la fin du recueil, sous le nom de Chants et Récits élégiaques, les pièces qui composaient le second livre, devenu par là le troisième. J’ai ajouté aux deux premiers plusieurs Élégies nouvelles. Je ne me dissimule pas qu’une série de morceaux différents sur un fonds unique, habilement modifié, est plus attachante que les pièces dont l’intérêt plus borné commence et finit avec elles. J’ai mieux aimé cependant m’exposer à ce danger qu’à celui de la concurrence.

Le même principe m’a dirigé dans la composition des Élégies antiques. Pour tenter d’être neuf, j’ai remonté jusque chez les anciens. « C’est en me pénétrant de la substance des grands maîtres, que j’ai essayé de reproduire les naïves beautés de leurs ouvrages, et, si j’ose m’exprimer ainsi, ce parfum d’antiquité qui s’en exhale[1]. » L’Élégie antique offre peu de modèles, il est vrai : mais quelques restes de ces trésors ensevelis par les

  1. Extrait de l’Avertissement d’une première édition.