Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/70

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La jeune amante, à qui ce lieu retrace
Le souvenir de l’amant trop aimé,
Cherche de l’œil l’asile accoutumé,
Ne le voit plus, se tait, soupire, et passe.
Malheur à toi, destructeur inhumain !
D’un dieu vengeur sur toi pèse la main.
Il est un dieu qui préside aux campagnes,
Dieu des coteaux, des bois et des vergers ;
Il règne, assis sur les hautes montagnes,
Et ne reçoit que les vœux des bergers,
Que les présents de leurs douces compagnes.
A son signal, d’aimables messagers,
Prenant l’essor, vont couvrir de leur aile
La fleur naissante ou la tige nouvelle.
A la clarté des célestes flambeaux,
Il veille au loin. Familles des oiseaux,
Il recommande aux brises du bocage
De balancer vos paisibles berceaux,
Dans la fraîcheur du mobile feuillage.
Il ne veut pas que le froid aquilon
Avant le temps jaunisse les fougères ;
Il ne veut pas que les lis du vallon
Tombent foulés sous le pied des bergères.
Ce même dieu doit te punir un jour :
Il remettra sa vengeance à l’Amour ;
Et le zéphyr, exilé du feuillage,
De la beauté dont ton cœur a fait choix
Emportera la promesse volage,
Comme son souffle emportait autrefois
La feuille errante au sein profond des bois
Dont ta fureur a profané l’ombrage.



NOTE.

Ronsard a composé, sur ce même sujet, une pièce où l’on