Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/74

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Achève, le sein demi-nu,
Son dernier songe d’innocence.
Je ne vais point d’un seuil jaloux
Tenter la route détournée,
Et par un furtif hyménée
Venger, en dépit des verroux,
La jeune épouse condamnée
Au froid baiser d’un vieil époux.
Mes vœux sont purs. Nuit sacrée !
Fais qu’un songe à l’aile dorée,
Avant le retour du soleil,
Vienne de l’image adorée
Enchanter mon heureux sommeil.
Pour toi, déité que j’implore,
Je veux sur le bord des ruisseaux
Unir le pâle sycomore
A l’if, ornement des tombeaux;
Jusques à l’aurore prochaine,
De l’amour charmant les douleurs,
Je veux à ton autel d’ébène
Consacrer un hymne et des fleurs.




LES REGRETS D’UN INFIDÈLE.


Oui, c’en est fait, Isore, un sentiment vainqueur
Triomphe du nœud qui nous lie !
Pauvre Isore ! j’ai vu Délie :
Délie a tous mes vœux, Délie a tout mon cœur.
Et, tandis que la nuit obscure
Protège, loin de toi, nos muets entretiens;
Tandis que ma bouche parjure
Appelle des baisers qui ne sont plus les tiens,
Aux tremblantes lueurs d’une lampe affaiblie
Tu relis le dernier serment
De l’infidèle qui t’oublie;