Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/76

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Où la fière Délie usurpa ton empire !
Périssent ses attraits et son fatal sourire !
Périsse même son amour !
Qu’ai-je dit ? Peut-être Délie,
Un jour d’Isore en pleurs vengera l’abandon :
Oublié comme je t’oublie,
Je viendrai, douce Isore, implorer un pardon
Mais en vain : le dieu qui console,
Le temps aura donné ton cœur
A quelque autre amant moins frivole,
Et plus digne de son bonheur.




LE SORT D’UN AMANT.


J’étais jeune, une Déesse
Des cieux pour moi descendit;
Souriant elle me dit :
« Je suis l’antique Sagesse. »
Son air de sincérité
Ajoutait encore aux grâces
De sa douce austérité ;
Elle ajouta : « Suis mes traces;
Je mène à la vérité. »
Je la suivis ; mais les belles
De moi détournaient les yeux.
« Ah ! redisait l’une d’elles,
Jeune sage est bientôt vieux. »
A ces mots, de ma Déesse
Je pris congé sans retard,
Et dis à l’enchanteresse :
« Prends pitié de ma vieillesse,
Rajeunis-moi d’un regard. »
Embrasé du feu lyrique,
J’osai, jusque dans les cieux