Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/43

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Et comme nous approchions de Noël, elle en avertit le père Catonet, qui me confessait. Quand j’allai lui dire ma râtelée, il m’ordonna d’attendre, qu’il me confesserait la dernière, et que ce serait dans une petite chapelle, derrière la sacristie, dont il avait la clef. En effet, il m’y conduisit, quand il fut quitte de ses autres pénitentes. Je commençai par les misères, comme cela se pratique ; puis, comme il voyait que j’hésitais, il me questionna sur le sixième commandement. C’est à cet examen que je dois le peu de lumières que j’avais au moment où vous m’avez instruite. Quand je lui eus avoué l’article des démangeaisons et du grattement :

— À quel endroit est-ce précisément ? demanda-t-il avec des yeux qui semblaient vouloir me dévorer.

— Hélas ! lui répondis-je, c’est là, un peu plus bas que mon buste.

— C’est sûrement, dit-il, un tour de l’esprit malin ; mais je vais lui en jouer un autre. J’ai de l’eau lustrale dans ce bénitier ; il y mouilla son doigt, et, me faisant asseoir sur son genou, sous prétexte de me purifier, il me chatouilla pendant que, par son ordre, je récitais mon chapelet. Je n’étais pas au milieu de la seconde dizaine que la voix me manqua ; je pris le plaisir que je ressentis pour une bénédiction attachée à l’eau bénite : il me dit de me mettre à genoux et d’achever ma confession. J’aperçus sous sa robe quelque chose qui poussait, et auquel il donnait avec sa main de fréquentes secousses ; et l’instant d’après, retirant cette main pour me donner l’absolution, je la vis couverte d’une écume