Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/66

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c’est un petit libertin, je ne prendrai pas sa défense.

Alors Javotte vous l’empoigne d’un bras vigoureux, et en un clin d’œil déboutonne sa culotte, l’abat et lui donne deux bonnes claques, et cherchant ce qui le rendait si insolent, elle jette un cri de surprise en ne trouvant qu’une jolie grotte où elle croyait trouver un rocher sourcilleux.

— Ah ! pardon, mademoiselle, si j’avais su ce que vous étiez, je n’aurais pas fait la bégueule, et si cela vous amuse, vous êtes la maîtresse.

Faustine, pour ne pas la désobliger, consentit à recevoir de bon gré ce qu’elle avait d’abord voulu ravir, et d’un doigt obligeant lui rendit le même bon office qu’elle en recevait.

Pendant qu’elles s’occupaient, je pris la parole et je dis à Javotte que nous étions sœurs et que nous allions voir une de nos parentes dans l’intention de la divertir par ce travestissement, et je lui donnai un écu pour nous garder le secret.

— Ah ! de bon cœur, dit-elle ; mais vous êtes trop jolie pour n’être que spectatrice, et elle voulait passer sa main sous ma jupe.

— Non, Javotte, je vous remercie, il y a des empêchements.

— Des nouvelles de Rome peut-être ?

— Précisément.

— Qu’importe, j’ai là de l’eau, les mains sont bientôt lavées.

— Oh ! non, jamais dans cet état…

— Vous ne me ressemblez guère, c’est le temps où je suis la plus ardente.