Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/73

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çante de l’animal, faisant remarquer sa force et son élasticité, ne parvienne à l’intéresser.

Ainsi dit, ainsi fait. Le peintre, dès le lendemain, se mit à l’ouvrage, et deux jours après, mon ventre offrit la plus belle tête d’éléphant qu’on pût voir, et monseigneur examinant le chef-d’œuvre du peintre et badinant avec la trompe de l’animal, elle prit sous ses doigts sacrés une consistance qui le ravit. Nous fîmes le soir une visite à Mme Valbouillant ; on admira la nouvelle peinture ; heureusement elle était à l’huile, sans cela, à l’usage répété que je fis de la trompe, le tableau aurait disparu. La petite Babet, qui n’avait jamais vu de pareils animaux, ne se lassait pas de l’examiner, et trouvait qu’on en pouvait tirer aussi bon parti que du manche du moussoir. La pauvre enfant, peu versée dans les arts, ramenait tout à la nature. Le couple voluptueux, que le prélat instruisit du motif de cette peinture et de la mystification projetée, promit de la seconder et de nous suivre à cet effet à la maison de campagne de Sa Grandeur, qui, depuis son admission à nos orgies, ne pouvait se passer des plaisirs que le libertinage de notre imagination variait sans cesse. Il fut aussi décidé que la gentille Babet serait du voyage ; chaque jour développait en elle de nouveaux charmes, ses formes s’arrondissaient, sa gorge se remplissait, et l’usage de la volupté avait donné de la finesse et de l’énergie à ses regards, d’abord incertains et timides. Ses mains, qu’on n’employait plus aux travaux grossiers de sa première jeunesse, avaient gagné de la blancheur ; et la finesse