Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/80

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du peuple ; mais je serai loyal et sans scrupule avec mes amis. Laure a dix-sept ans et n’ignore pas sûrement la différence de son sexe et du nôtre ; mais les détails lui sont peut-être inconnus, nous nous gênons pour elle, nous affligeons sa curiosité, et peut-être en nous quittant fera-t-elle des questions à sa femme de chambre, qui, moins discrète et moins éclairée, en lui faisant le tableau des plaisirs, ne lui en dépeindra pas les dangers.

— Ah ! dit Laure, que mon oncle est aimable !

— Quand elle voit que nous ne lui cachons rien, elle sera sans dissimulation, nous lirons dans son âme et nous pourrons écarter d’elle les dangers sans en éloigner les plaisirs. Votre désir, je le sais, n’est pas de la marier, elle se soumet à vos vues ; mais quand elle renonce à l’hymen, soyez sûre qu’elle ne renonce pas aux dédommagements que se procurent tant de jolies prébendières. Plus de gêne devant elle, tant que nous n’aurons pas d’étrangers ; quand il en viendra de suspects, remettons vite le masque de la réserve.

La signora Magdalani, regardant sa fille d’un œil caressant :

— Allons, je me rends, puisque mon frère le veut ; mais, mon cœur, dit-elle en la baisant au front, ne perds pas l’usage de rougir. Rien ne fait plus d’honneur aux filles et surtout aux mères.

— Allons, ma sœur, c’est convenu ; mais voyons sur quoi roulait la conversation avec Hic et Hec.