Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/81

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La signora lui répéta ce que je lui avais dit sur la secte des multiplicantes et sur l’inceste.

— Eh bien ! ma sœur, n’est-ce pas précisément ce que je vous disais quand vous étiez si fâchée pour quelques espiègleries, qui pourtant vous avaient fait grand plaisir.

— Oh ! mon frère, devriez-vous dire cela devant ma fille encore.

— Ah ! maman, je m’en doutais, quoique sans oser vous en parler.

Je ne pus me retenir à cette naïveté, et saisissant sa main, je la baisai avec transport. La petite rougit. La maman me jeta un regard sévère, qui ne m’en imposa pas. L’évêque, d’un ton tranchant, termina la dispute en disant :

— Fi donc, ma sœur, allez-vous y mettre de l’humeur, il est temps que la petite goûte sa part de nos plaisirs ; l’abbé est approchant de son âge.

— Mais, mon frère… Songez-vous ?

— Je sais qu’il prendra toutes les précautions nécessaires pour prévenir l’arrivée des petits indiscrets.

— Mais, mon oncle…

— Vas-tu me montrer quelques doutes sur l’ancienneté de sa généalogie ?… Rassure-toi, tes soixante-quatre quartiers doivent se trouver honorés de se joindre au cousin de l’éléphant blanc.

— Si du moins je voyais son blason.

— Rien n’est plus facile ; les princes de la maison royale de Pégu le portent toujours sur eux.

— Ah ! voyons-le donc.