Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/86

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aux transports de Valbouillant qui, passant les jambes de la belle sur ses épaules, s’introduisit très avant dans ses bonnes grâces. Je m’insinuai dans celles de Mme Valbouillant qui, caressant d’un doigt officieux le centre des voluptés de Babet, jouissait du double plaisir qu’elle nous procurait. Six glaces avantageusement placées à la hauteur des ottomanes, répétaient les trois groupes voluptueux qu’elles multipliaient à l’infini, et les sens irrités par ce spectacle enivrant redoublaient l’ardeur de chaque combattant, qui aurait rougi d’être vaincu dans cette érotique. Magdalani, par l’agilité de ses reins, prouvait à Valbouillant que ses trente-cinq ans n’avaient rien diminué de son ardeur, et que sa fille, malgré sa jeunesse, ne la surpassait pas pour la prestesse et le moelleux des mouvements.

Le saint homme applaudissait au zèle de la chanoinesse à suivre l’exemple de sa mère. Mme Valbouillant, Babet et moi n’avions pas besoin d’être encouragés, mais ce spectacle nouveau nous rendait encore plus acharnés à fêter le dieu de Lampsaque. Les trois groupes ayant consommé leur sacrifice, nous nous réunîmes en rapprochant les trois sofas ; on voyait sur tous les sofas la gaieté succéder à la jouissance ; point d’air d’épuisement ni d’ennui ; le fin sourire et le regard malin promettaient le prochain retour des désirs. On félicita la jeune Laure sur le courage qu’elle avait montré dans les premiers combats ; sa mère reçut nos éloges pour la philosophie avec laquelle, s’élevant au-dessus des préjugés, elle avait accéléré par son exemple la