Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/87

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félicité de sa fille. La petite se jeta dans les bras de sa mère qui la couvrit de baisers, et d’un doigt curieux tâcha de reconnaître les dégâts que mes efforts et ceux de l’évêque avaient faits. Cet attouchement réveilla les sens de la chanoinesse qui versa presque aussitôt des larmes de volupté sur la main de la signora qui reçut d’elle le même service.

Mme Valbouillant, pour nous faire attendre sans impatience le retour des plaisirs, nous proposa de nous lire une anecdote qu’elle avait reçue de Paris ; tout le monde y consentit, et elle nous la lut.

On applaudit fort à cette anecdote, et l’évêque proposa du sirop, du punch pour désaltérer la lectrice et rafraîchir ses auditeurs.

— Volontiers, dit la signora Magdalani ; mais ne vaudrait-il pas mieux prendre auparavant le rafraîchissement du bain, mon frère en a de charmants, la chaleur est si vive que l’eau doit être assez échauffée par le soleil ; nous n’avons point de toilette à faire, nos peignoirs ne tiennent qu’à un ruban.

— L’idée est charmante, dit Mme Valbouillant ; mais personne ne pourrait-il nous voir ?

— Non, dit l’évêque, le bassin touche à ce boudoir et personne n’y peut pénétrer ; j’en ai la clef, et nous porterons sur le bord le punch que nous prendrons en nous baignant.

Tout le monde fut d’accord, et nous passâmes dans ce délicieux bassin revêtu de stuc ; il était ombragé par un grand platane, deux sycomores et deux grands saules pleureurs ; le jasmin et le