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LE RIDEAU LEVÉ


et ressentir de bien vifs. Ses flatteries, ses peintures et ses caresses m’ayant subjuguée, je me laissai faire par elle tout ce qu’elle voulut. Elle posa le bout du doigt de la main gauche entre les lèvres de mon ouverture, qu’elle chatouillait, tandis que de la droite elle en frottait le haut.

— Ma chère cousine, lui dis-je, pourquoi n’emploies-tu pas les termes et les noms que tu sais ? Je les ai tous entendus de Courbelon et de Justine.

— Tu as raison, Rose, je n’en ferai plus de difficulté.

Enfin, après quelque temps de ce badinage, je ressentis cet extrême plaisir qu’elle m’avait si bien dépeint ; mais elle m’assura que j’en trouverais bien davantage avec un joli homme, jeune et galant. Depuis ce temps, elle répétait souvent, à ma satisfaction, ce jeu charmant ; elle enfonça même un jour son doigt ; j’éprouvai quelque douleur qui fut bientôt apaisée ; elle sut enfin m’engager à lui rendre le plaisir qu’elle me donnait.

J’y trouvais beaucoup d’agrément, et je m’en contentais, mais huit à dix jours avant ton arrivée, ma mère étant sortie seule, nous reprîmes nos jeux et nos plaisirs, et sous divers moyens que Justine employa, nous nous mîmes toutes deux totalement nues. Courbelon, caché derrière un rideau, avait été témoin de toutes nos folies : c’était une partie liée entre Justine et lui, mais je l’igno-