Page:Mirabeau - Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, 1882.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
LE RIDEAU LEVÉ


rais ; elle riait, depuis le commencement, de tout son cœur. Surprise de ses ris, qui me paraissaient quelquefois hors de propos, je la pressais de m’en dire le sujet ; elle m’avoua que Courbelon nous voyait. Il sortit aussitôt de dessous le rideau, nu, comme nous étions, et son vit était d’une grosseur et d’une raideur étonnantes. Effrayée, palpitante, honteuse, je ne pouvais plus fuir dans l’état où j’étais, qu’en me cachant sous le même rideau ; j’y courus, mais ils m’arrêtèrent tous deux, et je n’osais rien lui dire, après ce qu’il nous avait vu faire, Courbelon me prit entre ses bras, se jeta à mon cou, m’embrassa, porta ses mains et ses lèvres partout où il put ; tout était à sa disposition, et Justine l’aidait. Enfin la surprise et la honte firent place au désir. Il mit son vit dans ma main, je ne pouvais l’empoigner ; le feu de ses baisers, de ses attouchements, ce spectacle si nouveau pour moi, et l’exemple de Justine qui le caressait sans scrupule, firent couler le plaisir dans tous mes membres, et m’avaient mise dans une situation à ne pouvoir rien lui refuser. Les plaisirs qu’il me donna avaient une pointe de vivacité que je n’avais point sentie par les mains de Justine, avec laquelle je désirai qu’il fît la même chose, mais ils allèrent bien plus loin ; elle l’attira sur elle au pied de son lit, et me tenant d’une main, elle me fit voir le vit de Courbelon qui se perdait dans son con, et la vivacité de leurs trans-