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LE RIDEAU LEVÉ


sans qu’on s’en aperçût, ce que j’avais projeté ; il ne tarda pas à disparaître. Quelques instants après, je ne le vis plus ; je regrettais de n’être pas encore à mon poste, mais comme je me flattais qu’Isabelle me rendrait compte de tout ce qui se serait passé, je me consolai, et je participai de mon mieux aux plaisirs de la fête où j’étais, puisque je ne pouvais être de celle de ma cousine.

Justine m’avait demandé, lorsque j’entrai, pour quelle raison Isabelle n’était pas avec moi. J’imaginai de lui dire que ma tante avait voulu sortir avec elle, mais qu’elle ne tarderait pas à venir prendre sa part de divertissement, et à me rejoindre. Elle prit d’abord mon conte le mieux du monde ; cependant, voyant que Courbelon n’y était plus depuis longtemps, et que ma cousine n’arrivait point, elle prit de la défiance, et sans s’expliquer avec moi, elle ne put s’empêcher de me dire qu’elle avait lieu d’être surprise du départ de l’un et du retard de l’autre. À peine venait-elle de me tenir ce propos, que Courbelon arriva, et ma cousine peu de temps après. Justine disparut à son tour ; je le fis remarquer à Isabelle, à qui j’avais répété ce qu’elle m’avait dit. Elle soupçonna dans l’instant que cette fille était retournée au logis, ce qui lui donna de l’inquiétude. Justine revint et ne fit rien paraître, mais elle avait fait des recherches et pris des informations qui l’instruisirent autant qu’elle le désirait.