Page:Mirabeau - Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, 1882.djvu/108

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LE RIDEAU LEVÉ

Nous rentrâmes chez ma tante ; il me tardait que nous fussions couchées, pour questionner en liberté ma cousine ; je lui dis que j’étais fatiguée de la danse ; Isabelle en dit autant, quoiqu’elle n’eût point pris part à cet exercice ; elle l’avait toujours refusé, sous quelque prétexte, qui n’était pas néanmoins le véritable. Nous fûmes donc nous mettre au lit. Quand je la tins dans mes bras, je voulus mettre ma main où elle avait reçu les plus grands coups, mais elle la repoussa, en me disant qu’elle y souffrait trop de douleur ; il ne m’en fallut pas davantage pour la sommer de sa parole et la presser de me la tenir.

— Ah ! ma chère Rose, ma curiosité a été bien mal satisfaite ; Courbelon est venu comme les autres fois ; j’avais l’oreille au guet ; je fus lui ouvrir ; il s’est jeté à mon cou. Après bien des baisers et des caresses, il m’a prise dans ses bras et m’a portée sur le pied du lit, en promenant ses mains partout où il a voulu, d’autant que je m’y prêtais sans feindre aucune résistance ; enfin m’ayant penchée sur le lit, il m’a enfoncé son vit, qu’il avait mouillé de salive, mais quelle douleur ne m’a-t-il pas faite ! Ce vit, d’une grosseur énorme, me déchirait ; je n’osais crier ; j’en versais des larmes. Il tâchait de me consoler en m’embrassant et en m’assurant qu’une seconde fois je n’aurais plus que du plaisir ; il me trompait, il y revint et ma douleur fut aussi vive ; je souffrais tout ce qu’on peut