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LE RIDEAU LEVÉ


qui pût jeter les yeux sur moi ni arrêter les miens ; cependant j’étais dans une vive impatience, et je fis de Vernol le but où je désirais atteindre.

Sa chambre était derrière celle de ma mère où je couchais ; quand cette bonne dévote allait à l’église, où elle passait deux ou trois heures tous les matins, je fermais exactement la porte après elle ; on croyait que nous dormions, et l’on nous laissait en paix, mais continuellement éveillée par mes désirs, j’allais en chemise près de lui, et je lui faisais mille agaceries pendant qu’il était dans son lit. Tantôt je l’embrassais, je le chatouillais, tantôt je tirais ses couvertures, ses draps ; je le mettais presque nu ; je lui donnais de petits coups sur ses fesses d’ivoire ; il sautait après moi, me poussait sur son lit, me baisait, et rendait sur mon cul les coups légers que je lui avais donnés. Nous avions répété deux matinées ce badinage, lorsque la troisième, en me jetant à la renverse sur son lit, ma chemise, à qui j’avais prêté un peu de secours, se trouva toute relevée, et mes jambes en l’air. Il aperçut aussitôt mon petit conin ; il m’écarta les cuisses, il y porta la main, et ne pouvait se lasser de le regarder et d’y toucher : je le laissais faire.

— Ah ! Rose, me dit-il, que nous sommes bien différents l’un de l’autre !

— Comment ! lui répondis-je, quelle différence y a-t-il donc ?