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LE RIDEAU LEVÉ


Je lui fis cette question avec l’air de la plus innocente simplicité.

— Tiens, vois, me dit-il, en troussant sa chemise et me montrant son petit outil, qui était devenu gros et raide, et que je n’avais qu’entrevu jusque-là.

Je pris cette lance en main, je la considérai, je la caressai, j’en découvrais, j’en aiguisais la pointe, et j’eus enfin la satisfaction d’en faire l’examen le plus attentif. Vernol, impatient d’en faire un pareil, me dit :

— Laisse-moi te regarder encore.

Je me rendis à sa demande, et je me recouchai ; il releva mes jambes, les écarta, et ne mit pas moins d’attention dans sa recherche et dans ses détails que j’en avais eu dans la mienne, mais il ignorait l’usage de ce qu’il voyait. Il était à genoux sur le lit, penché sur moi ; je passai ma main entre ses cuisses, et je repris son joli bijou ; je m’amusai à coiffer et décoiffer sa tête, rouge comme le corail ; le plaisir que je lui faisais, dont je m’apercevais, augmentait le mien ; j’étais dans l’impatience ; je me relevai et le renversai à son tour, je le découvris en entier ; je le baisais ; je le mangeais, je caressais ses petites olives ; enfin, à force de hausser et de baisser ma main sur son charmant joujou, il répandit cette liqueur que j’avais vu rendre à Courbelon par la main de Justine. Cette situation si nouvelle pour lui, l’étonnement joint au plaisir excessif dont il paraissait jouir, était