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LE RIDEAU LEVÉ

— Ah ! de tout mon cœur ; mais Vernol a eu le mouchoir de Laurette, il faut aussi les unir ; y consens-tu ?

— Soit comme tu le désires.

Elle accourut prendre nos mains, qu’elle mit l’une dans l’autre ; elle nous fit embrasser, nos bouches se rencontrèrent ; elle porta sa main sur mes tétons, et nous fit appeler mari et femme. Nous étions tous quatre vivement émus et très échauffés ; Rose brûlait.

— Qu’il serait délicieux dans ce moment, s’écria-t-elle, d’être dans un bain où nous pussions nous rafraîchir ! Le feu me dévore.

Mon papa se leva et fut tirer un cordon qui était à côté de la niche. Aussitôt le dessus du meuble qui y était fut enlevé et découvrit un bassin à trois robinets qui jetaient à volonté de l’eau chaude, froide ou de senteur.

— Voilà qui est magnifique ; c’est ici le palais enchanté des divinités. Je vais, dit Rose, ressembler à une naïade, mais je ne serai pas la seule.

En peu d’instants elle parut avec les seuls ornements des nymphes ; elle s’empara de moi et pressa Vernol et mon papa de l’aider à me mettre dans le même état ; en un clin d’œil tout disparut de dessus moi. Rose fit signe à son frère, qui se montra bientôt en sylvain, pendant qu’elle et moi nous prêtions notre secours à mon papa. Mes regards furtifs avaient déjà détaillé Vernol ; qu’il était bien fait, et qu’il me paraissait agréable ! La jeu-