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LE RIDEAU LEVÉ


tu balançais, tu cherchais à m’interroger, et tu n’osais. Je te voyais venir ; tu pris enfin la résolution de me demander si j’avais connaissance de ces plaisirs, et s’ils étaient si grands. Je te l’avouai, je t’en fis une peinture qui t’enchanta, sans pouvoir les concevoir.

— Il faut les éprouver, te dis-je, Quoi donc ! à dix-sept ans passés ne pas les connaître ? Si tu veux, ma chère, je t’en ferai goûter au moins ce qu’ils ont de plus vif.

Ta curiosité, tes désirs, que mes caresses faisaient naître et qui firent couler le feu de la volupté dans toutes les parties de ton corps, t’y firent consentir. L’envie de te consoler à mon tour, et de dissiper les ténèbres de ton ignorance, suspendit mes peines. Tu te prêtas à mes leçons ; j’écartai tes cuisses, je caressai les lèvres de ton petit conin, dont les roses étaient à peine épanouies ; je n’osai y enfoncer le doigt ; tu n’étais pas encore assez endoctrinée pour que tu eusses regardé la première douleur comme propre à produire une augmentation de plaisir. Bientôt je gagnai le trône de la volupté, et ton charmant clitoris, que je caressai, te jeta dans une extase dont tu pouvais à peine revenir.

— Ah ! Dieu, me dis-tu, ma chère Laurette, quelles suprêmes délices !

Tu me pris à ton tour pour ton amant ; j’étais couverte de tes baisers ; tes mains s’égarèrent sur tout mon corps ; tu voulus me rendre le service que tu venais de recevoir de