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LE RIDEAU LEVÉ


moi, mais mon cœur, encore trop serré, ne s’y prêtait pas, et je retins ta main. Je te repris bientôt dans mes bras, et renouvelant mes caresses, je t’en appris davantage sur le premier instant de jouissance. Tu étais animée, tu fus aisément persuadée.

— Eh bien ! me dis-tu, avec cette charmante vivacité qui te va si joliment, fais de moi ce que tu voudras.

Je repris ton petit conin, j’y enfonçai le doigt d’une main, tandis que je te branlais de l’autre. La douleur mêlée au plaisir te le fit trouver encore plus délicieux : c’est moi, chère et tendre amie, oui, c’est moi l’heureuse mortelle qui ai cueilli ton pucelage, cette fleur si rare et si recherchée !

Plus libre avec toi qui venais de connaître et de sentir les attraits de la volupté, je ne craignis plus de t’ouvrir mon cœur en entier, de t’en faire parcourir toutes les routes, et de te raconter en raccourci ce que je retrace ici dans toutes ses circonstances. Si le plaisir et ma main ont su te dégager des entraves de l’ignorance et des préjugés qu’elle enfante, combien n’ai-je pas eu de peine à te vaincre sur tous les autres ? La crainte de la grossesse ne te faisait plus trembler : je t’en avais guérie par mon récit et ma propre expérience. Ton amant me devait déjà tes premiers pas à son bonheur et à ta jouissance.

— Hélas ! me disais-tu, la plupart des dogmes dont on a bercé mon enfance jusqu’à présent,