Page:Mirabeau - Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, 1882.djvu/176

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LE RIDEAU LEVÉ


bien fortes ; tu lui présentais des obstacles insurmontables à tes yeux ; tu me faisais compassion. J’avais pitié de lui, je ne le lui cachai pas ; je voyais l’ardeur de vos désirs portée à son comble. L’instant me parut favorable, je m’enivrai de l’idée de contribuer à ta félicité.

— Eh bien ! te dis-je, je vais tout surmonter. Valsay, tu serais un ingrat, un homme indigne de ton bonheur, si ma conduite pour te le procurer, influait dans ton esprit à mon désavantage.

Je fermai les portes du parloir de notre côté, malgré tes oppositions apparentes ; ton amant en fit autant du sien. Je te pris dans mes bras, je t’approchai de la grille, je soulevai ta guimpe ; il prit tes tetons, il baisait tes lèvres, il suçait ta langue, que tu lui donnas à la fin ; mais la soif dévorante du désir lui fit porter sa main sous tes jupes, pour saisir ta motte et s’en emparer. Je te pressai contre lui, je te baisai aussi ; tu ne pouvais m’échapper, ni retirer tes bras des miens ; il eut enfin l’adresse et la satisfaction de les lever, et de saisir cet aimable petit conin, où tous les attraits de la jeunesse et de la fraîcheur sont répandus. Ses caresses t’embrasèrent du feu de la volupté ; il en était dévoré ; il maudissait cette impitoyable grille qui nous séparait et s’opposait à sa jouissance. J’étais émue, hors de moi-même !

— Quoi ! dis-je à ton amant, vous avez en