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LE RIDEAU LEVÉ


emportée, lorsque ma bonne était endormie, jusqu’à celui auquel il venait de me surprendre.

Chaque détail que je lui faisais, chaque tableau que je retraçais, loin d’allumer sa colère, était payé par des baisers et des caresses ; je balançais, néanmoins, à lui dire que je m’étais procuré des sensations aussi nouvelles pour moi qu’elles m’avaient paru délicieuses, mais il en eut le soupçon.

— Ma chère Laurette, tu ne me dis pas tout encore ; — et passant sa main sur mes fesses, en me baisant, — achève, tu ne dois ni ne peux rien me cacher : rends-moi compte de tout.

Je lui avouai que je m’étais procuré, par un frottement semblable à celui que je lui avais vu faire à Lucette, un plaisir des plus vifs, dont j’avais été toute mouillée, et que je l’avais répété trois ou quatre fois depuis ce jour-là.

— Mais, ma chère Laure, voyant ce que j’enfonçais à Lucette, cela ne t’a-t-il pas donné l’idée de t’enfoncer le doigt ?

— Non, cher papa, je n’en ai pas seulement eu la pensée.

— Prends garde, Laure, de m’en imposer ; tu ne peux me cacher ce qui est ; viens me faire voir si tu as été sincère.

— De tout mon cœur, cher papa ; je ne t’ai rien déguisé.

Il me donna pour lors les noms les plus